dimanche 20 mars 2011

Invasion of the Body snatchers (Don Siegel, 1956)

Une plongée sur un square dans une petite ville américaine au sud de la Californie. Une voiture de police s'arrête et des passants convergent aussitôt vers la petite place. Pas besoin d'être agoraphobe pour ressentir un terrible malaise. Pourquoi, si tôt le matin (dans le plan précédent, on apprend qu'il est huit heures moins le quart), ces "étrangers" (le docteur Bennell ne réalise pas encore qu'il s'agit bien des habitants de Santa Mira) se détournent de leur activité pour se rapprocher du monolithe au milieu du square? Ces citoyens bien tranquilles n'ont déjà plus rien d'humain que l'apparence et projettent de transformer le monde à leur image.
L'incroyable force de ce plan tout simple est double. D' abord parce que sans effets de montage, sans gros plan sur des visages lobotomisés, Siegel réussit à nous effrayer uniquement en montrant en plan large des gens marchant dans la même direction. Ils sont suspects de ce seul fait. Ensuite parce que l'ennemi n'est jamais clairement désigné : cette foule qui veut disperser les cosses dans les villages environnants, sont-ce les rouges ou au contraire sont-ce les agents du Maccarthysme ? La seule certitude est que ces "kidnappeurs de cadavres" ne supportent pas les voix discordantes, les voix de ceux qui n'acceptent pas leur unanimisme de clones régénérés. Il n'est pas anodin d'ailleurs que les deux mavericks (une figure de héros constante chez Siegel) traqués par les Body snatchers soient les deux seules personnes divorcées du film. Bien intégrés dans le village, ils n'en restent pas moins légèrement en marge, suffisamment du moins pour incarner les deux résistants au consensus totalitaire.
Et pour le reste, voyez Mariaque.

5 commentaires:

  1. Le plan est assez saisissant. J'ai une préférence pour le gros plan très sombre sur Dana Wynther qui embrasse Kevin McCarthy etr que celui-ci comprend qu'elle a été transformée. L'horreur absolue !
    J'ai eu l'occasion de présenter le film il y a quelques semaines à un ciné-club, il est toujours très beau et efficace.

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  2. Celui-ci est effectivement un condensé de pure terreur ! Et comme j'ai, depuis le visionnement de Kiss me deadly, une prédilection pour les gens qui courent sur la route, l'avant-dernière séquence me ravit en même temps qu'elle m'effraie (quel dommage que le film ne s'arrête pas là !)

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  3. J'imagine que vous connaissez l'histoire, pour Siegel ça devait s'arrêter là.

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  4. Et évidemment, ça change absolument tout !

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  5. Prologue ET épilogue lui furent sommés.

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