samedi 12 mars 2011

My Cousin Rachel (Henry Koster, 1951)


Lorsqu'on demandait à Daphné du Maurier si son héroïne Rachel était coupable ou innocente de l'assassinat de son mari Ambrose, elle répondait qu'elle n'en savait fichtre rien et que les doutes de Philippe, le narrateur, étaient aussi les siens. Pas étonnant qu' Alfred Hitchcock ait été aussi fasciné par l'univers de sa compatriote : dissimulation, jalousie, manipulation, empoisonnement y règnent en maître. My cousin Rachel offre d'ailleurs d'incroyables parallèles (et pas seulement parce que Frank Waxman signa la musique des deux) avec Suspicion sauf que cette fois-ci, c'est le personnage féminin qui porte sur ses épaules l'ambiguïté du film. Et tout au long de My cousin Rachel, le spectateur imagine ce que le maître aurait pu utiliser comme cadre, les inserts qu'il aurait su placer à tel ou tel moment clé . Pourtant, Henry Koster ne démérite pas, loin de là et le prologue près de la potence est d'une force gothique saisissante. Ce prologue est d'ailleurs un très adroit faux départ : le récit semble nous emmener sur les chemins du crime passionnel alors qu'au contraire Rachel semble préméditer chacun de ces gestes, chacune de ces paroles. Rachel, c'est Olivia de Havilland dans un rôle aux antipodes de ce que lui proposait la Warner dix ans plus tôt. Maîtresse d'elle-même, calculatrice, elle n'a plus rien de la fragile porcelaine qui servait de faire valoir à Flynn. Incompréhensiblement, Daphné du Maurier (qui n'appréciait guère que Rebecca comme adaptation de ses oeuvres) n'a jamais pu encaisser Livvie en Rachel. Elle y est pourtant formidable et j'irai jusqu'à dire, même si elle est brune dans le film, hitchcockienne. Onctueuse lors de sa première rencontre avec Philippe, elle sait se montrer passionnée lorsqu'elle l'embrasse pour la première fois puis froide et distante lorsqu'elle refuse de l'épouser. Pourquoi hitchcockienne ? Parce qu'elle est un savant mélange de sensualité contenue (ah, ces étreintes avec Burton!), de duplicité et d' équivoque (lorsque sur le plan ci-dessus, elle dit à son cousin : "Let me kiss you...there are still moments when I could swear that Ambrose lives all over again in you" , s'agit-il d'un aveu sincère ou du baiser de Judas ?)!
Peut-être parce que la fin refuse le confort d'une catharsis apaisante, le film ne fut pas un franc succès et Olivia de Havilland délaissa de plus en plus les tournages au moment même où elle était au sommet de son art !

1 commentaire:

  1. Ce n'est pas tant Hitch que Selznick qui avait du goût pour du Maurier - un goût confit dans la révérence d'ailleurs.
    Et c'est pourtant le fait d'avoir été "malmenée" par Alfred qui fit qu'elle kiffa Rebecca (alors que Davido, outré, moins déjà).

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