vendredi 18 mars 2011

Dodge City (Michael Curtiz, 1939)




Psychologie de comic book*, crédibilité limitée (Flynn, un westerner ?), rôles féminins impitoyablement sacrifiés (Ann Sheridan, en troisième position au générique, n'a qu'une ligne de dialogue à défendre), Dodge City a tout pour faire hausser les épaules des puristes, de ceux qui ne jurent que par les mânes de Mann ou de Ford (Stagecoach date aussi de 1939!).
Et pourtant je marche, je cours même à ces Conquérants ( titre français impossible) car toutes les réserves qu'on peut légitimement faire devant cet univers de convention disparaissent face à une telle énergie, un tel sens de l'aventure. Curtiz fouette son intrigue comme un vacher son troupeau. Les scènes d'action quasiment toutes en plan large sont splendides (de l'épatante course inaugurale entre diligence et locomotive au ferroviaire règlement de compte final en passant par la truculente bagarre du saloon (là aussi, le scénario épouse la cause sudiste)). Les seconds couteaux sont des épées (Ah Bruce Cabot ! Ah Victor Jory).Mais l'atout maître de Dodge City, c'est le technicolor, un technicolor Warner à couper le souffle. Rarement le ciel de la San Joaquin Valley(bien que le film soit censé se passer au Kansas) n'aura été aussi flamboyant et l'herbe aussi verte. Même Livvie en pleine dépression (elle a perdu 10 kilos dans les semaines qui précèdent le tournage, furieuse du refus de Jack Warner de la prêter à Selznick pour Gone with the wind) est rayonnante (certes, les maquilleurs n'ont pas lésiné sur le blush) et, même si son rôle de bas-bleu au milieu des rednecks est, une nouvelle fois, sans grand intérêt, l'alchimie du couple qu'elle forme avec Flynn, crève les yeux du tout-Hollywood !
* : pas impossible que Dodge City ait servi de modèle pour Daisy town

4 commentaires:

  1. Le Bruce, je m'apprête à me le faire chez Walsh, avec Mansfield. Verdict à la sortie du week-end !

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  2. Arrogant, fielleux,sournois, il est l'idéal sparring partner du Wyatt earp de Dodge City !

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  3. effectivement une petite merveille colorée et dynamique.
    Les trois westerns de Curtiz avec Flynn sont de toute façon des indispensables. Celui-ci est le plus superficiel mais Santa Fe trail est un des meilleurs films sur les prémices de la guerre de Sécession et Virginia City est carrément un chef d'oeuvre, lyrique et endiablé.

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  4. Santa Fe trail, je l'avais commandé mais l'édition Hollywood Classic est une honte (son lointain, flou généralisé, contrastes absents). Il faudra sans doute que je me rabatte sur un zone 1. Sinon, Virginia City me tente évidemment beaucoup !

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