mercredi 27 juillet 2011

The brood (David Cronenberg, 1979)


* attention spoilers *
Deux ans se sont écoulés depuis Rabid, deux ans qui voient Cronenberg passer de franc-tireur expérimental à cinéaste majeur. Musique (Howard Shore pour son premier film), cadrages, caractérisation des personnages, les progrès sont foudroyants. Dans sa critique (Positif n°227), François Ramasse parle d'un "scénario lacunaire" mais c'est justement une des raisons qui font que j'apprécie Chromosome 3. Cronenberg, en dépit d'une courte explication du Docteur Raglan (très convaincant Oliver Reed), néglige de nous donner le mode d'emploi du film, refusant de prendre le spectateur pour un attardé.

J'ai eu beaucoup de mal à sélectionner une séquence tant les images fortes abondent: Candy en plan large marchant dans la neige accompagnée de deux enfants "psychosplasmics", Nola dévoilant à Frank son bébé né par parthénogenèse , la même déchirant la poche du foetus mais le moment le plus terrifiant, c'est cette séquence alternée où Candy tente d'échapper à la portée (traduction littérale de "brood") meutrière tandis que Frank étrangle sa femme devenue une incontrôlable procréatrice de monstres. La violence qui émane de cette succession de plans aboutit à une catharsis particulièrement choquante : le corps sans vie de Nola répondant aux enfants anéantis sur le plancher du grenier. Cette fin flirte avec le règlement de comptes autobiographique tant le réalisateur de Shivers à cette période-là de sa vie cherchait coûte que coûte à récupérer la garde de sa fille que lui contestait son ex-femme. Difficile en effet de ne pas voir dans le plan ci-dessus un écho des préoccupations de Cronenberg. Candy, terrorisée, agrippée par ces bras intrusifs et menaçants, c'est très certainement la métaphore de sa propre fille confrontée à la communauté sectaire (ou du moins ce qu'il pensait tel à l'époque) qui gravitait autour de Margaret Hindson. Cela dit, nul n'est besoin de connaître ces détails autobiographiques pour éprouver le terrible malaise engendré par ces scènes. Comme le maître canadien l'avouait à Serge Grûnberg, "The brood, C'est l'anti Kramer vs Kramer" . L'un se veut réaliste alors que tout y sonne toc et compassé. L'autre refuse l'apitoiement et le naturalisme et tout y est moderne et juste

1 commentaire:

  1. Pour cette dernière phrase (mais pour de nombreuses autres occasions aussi !): dans mes bras, l'ami !

    RépondreSupprimer