dimanche 10 avril 2011

The privates lives of Elizabeth and Essex (Michael Curtiz, 1939)






De toutes les collaborations entre le Hongrois irascible et le Diable de Tasmanie, celle-ci apparaît avec le temps comme la plus difficile à encaisser. Le film souffre en effet de deux défauts rédhibitoires. D'une part, l'absence totale d'évolution des personnages entre le début et la fin du film (Elizabeth ne bouge pas d'un iota quant à sa conception du pouvoir (en gros "je suis la seule à pouvoir incarner mon pays alors que vous, bandes d'intrigants ne pensez qu'à votre pomme") et Essex veut bien épouser la reine à la seule condition d'exercer réellement le pouvoir). Ces deux-là sont de vraies têtes de mule qui préfèrent passer sur le billot plutôt que de se dédire. L'autre problème du film relève de la tromperie sur la marchandise. Sur l'affiche américaine (voir ci-dessous), on voit clairement Flynn défourailler sa rapière. Or, notre swashbuckler adoré n'utilise son épée qu'à la toute fin du film et encore, c'est uniquement pour la briser sur ses cuisses afin d'exprimer sa colère face à la félonie de la reine. Certes, on voit bien à un moment Essex guerroyer en Irlande mais Flynn, noyé sous les fumigènes (il fallait que ça suinte le marécage) est autant perdu que le spectateur. Le film se limite donc pour l'essentiel à d'interminables joutes oratoires entre la reine et son inflexible amant . Le texte est brillant mais on sent Curtiz et encore plus Flynn engoncés dans des vêtements qui ne sont pas à leur taille. Le tournage fut d'ailleurs pour l'australien une véritable torture et pas uniquement parce qu'il devait embrasser Bette Davis, Bette Davis dont le maquillage ferait passer celui de Boris Karloff dans Frankenstein pour un léger repoudrage. Non, le supplice, c'était d'apprendre des tirades toutes plus longues les unes que les autres. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'apprendre du texte n'a jamais été le point fort de Flynn. D'autant plus lorsqu'on a en face de soi une partenaire qui vous méprise et qui vous croit juste bon à crier "à l'abordage" sur un vaisseau pirate.
Dans My wicked, wicked ways, Flynn a des mots peu amènes sur Miss Bette Davis comme il l'appelle et donne des détails savoureux sur le tournage du film et notamment de la scène ci-dessus où Essex après avoir refusé le poste honorifique que lui confie la reine, prend congé d'elle en lui tournant le dos (ce qui est de la plus grande inconvenance). Elizabeth se lève alors de son trône et lui administre une terrible gifle. Laissons ensuite la parole au bel Errol : "She had lifted one of her hands, heavy with those Elizabethan rings, and Joe Louis himself couldn't give a right hook better than Bette hooked me with. My jaw went out. " Flynn, vert de rage, lui fait comprendre que si elle récidive pour la deuxième prise, il se fera un plaisir de lui répliquer avec la même force. Bette fit semblant de ne pas comprendre mais à la deuxième prise, Flynn écrit : " She did it in the most beautifully technical way. Her hand came just delicately to the side of my nose, missing by a fraction of an inch. I don't even believe she touched me, but I could feel the wind go by my face, and it looked technically perfect."

2 commentaires:

  1. Je n'ai pas un dit un mot d'Olivia parce que son rôle n'est rien moins qu'une insulte grossière (des scènes coupées, un seule séquence avec Flynn) de Jack Warner qui ne lui pardonnait pas d'avoir trahi la compagnie pour Selznick et GWTW. Il imposa même aux techniciens et aux autres acteurs de ne pas lui adresser la parole. Le seul à refuser le mot d'ordre de Jack fut Flynn mais celui-ci, empêtré dans ses trous de mémoire et ses problèmes de couple, ne lui fut d'aucun vrai réconfort. peut-on malgré tout dire, qu'elle y est absolument ravissante et mille fois plus sexy en Lady Penelope Gray qu'en Mélanie Hamilton.

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